Carlo-franquisme

Le carlo-franquisme (en espagnol : carlofranquismo, carlo-franquismo[14]) est le secteur du carlisme qui collabora activement au système politique de la dictature franquiste.

Après la proclamation du décret d'unification qui au début de la guerre civile intégra de force les structures politiques du camp franquiste dans une entité unique, FET y de las JONS, la masse des militants carlistes se retira face à la marginalisation de leur mouvement et de leurs revendications dans un parti dominé par la Phalange espagnole[15],[16],[17].

Toutefois, si le carlisme dominant conserva officiellement une position indépendante, un certain nombre de militants carlistes — la figure la plus notable étant le comte de Rodezno, Tomás Domínguez Arévalo — s'engagèrent à titre personnel dans divers rôles dans le système franquiste, par exemple en tant que membres de la direction de FET y de las JONS, procuradores (en) aux Cortes ou gouverneurs civils. La faction politique traditionaliste du régime franquiste issue du carlisme exerça un contrôle important sur le ministère de la Justice. Ils ne formèrent jamais une structure organisée, leurs allégeances dynastiques restèrent hétérogènes et leurs objectifs politiques spécifiques furent variables. Au sein de la machinerie du pouvoir franquiste, les carlo-franquistes furent une faction minoritaire qui contrôlait environ 5 % des postes clés ; ils ne réussirent pas à façonner le régime mais purent servir parfois de contrepoids aux autres groupes en compétition pour le pouvoir, sous la supervision du général Franco, qui faisait en sorte de maintenir l'équilibre en toutes ces forces. Certains carlistes jouèrent ainsi un rôle relativement actif dans le régime qui se mettait en place et exercèrent une influence limitée[18],[19],[20],[21].

Différents auteurs relèvent ainsi le paradoxe auquel dut faire face le carlisme durant la période franquiste : bien que faisant partie du camp des vainqueurs de la guerre et ayant payé un lourd tribut lors de celle-ci, il fut aussi légalement exclu du régime instauré à sa suite et ne fit pas véritablement partie des gagnants[22],[23].

  1. par exemple dans López de Maturana 2009, p. 162
  2. voir par exemple (es) Manuel Fernández de Sevilla, « No somos nada…, pero nos imputan todo », sur site du Parti carliste,
  3. voir par exemple (en) Jeremy MacClancy, The Decline of Carlism, Reno, (ISBN 9780874173444), p. 76, 92, 292
  4. (es) Manuel Santa Cruz et Alberto Ruiz de Galarreta (en), Apuntes y documentos para la Historia del Tradicionalismo Español, vol. 3, Madrid, , p. 19 ; (es) Mercedes Vázquez de Prada, El final de una ilusión. Auge y declive del tradicionalismo carlista (1957-1967), Madrid, (ISBN 9788416558407), p. 18 ; Martorell Pérez 2009, p. 11, 43 ; Rodón Guinjoan 2015, p. 144 oppose les « collaborationnistes aux anticollaborationnistes » ; également collaborationists en anglais (Blinkhorn 2008, p. 294), ou kolaboracjoniści en polonais, (pl) Jacek Bartyzel (pl), « Don Carlos Marx. Studium przypadku rewolucyjnej transgresji tradycjonalizmu w socjalizm w hiszpańskim karlizmie », Studia Philosophica Wratislaviensia, vol. V, no 4,‎ , p. 68
  5. (es) Joan Maria Thomàs, La Falange de Franco: fascismo y fascistización en el régimen franquista, 1937-1945, Madrid, (ISBN 9788401530524), p. 328, également utilisé de façon systématique dans (Thomàs 2016) ou (es) Joan Maria Thomàs, José Antonio: Realidad y mito, Madrid, (ISBN 9788499927503)
  6. Pérez-Nievas Borderas 1999, p. 205.
  7. (es) José Carlos Clemente, El Carlismo en la España de Franco: Bases Documentales 1936-1977, Madrid, (ISBN 9788424506704), p. 423
  8. Rodón Guinjoan 2015, p. 570.
  9. (es) Josep Carles Clemente, Franco: Anatomía de un genocida, Madrid, (ISBN 9788494236501), p. 234 , (es) Tomás Urzainqui Mina, « Llamamiento por una Navarra democrática », sur TomasUrzainqui (site personnel), , (es) Fernando Mikelarena Peña, « Respuesta a Jesús María Aragón Samanes », Noticias de Navarra,‎ (lire en ligne) ; terme également utilisé sur le blog de l'historien (es) Fernando Mikelarena Peña, « Segunda respuesta (individualizada) a Jesús María Aragón Samanes », sur ElBlogDeFernandoMikelarena ; le terme est généralement utilisé comme une insulte.
  10. (es) Oriol Malló et Alfons Martí, En Tierra de Fariseos: Viaje a Las Fuentes Del Catalanismo Católico, Barcelone, (ISBN 9788423966363), p. 42
  11. (es) Clemente Bernad, Víctor Moreno, José Ramón Urtasun, Carlos Martínez, Fernando Mikelarena, Carolina Martínez, Ángel Zoco, Txema Aranaz, « La consagración de la desmemoria », NuevaTribuna,‎ (lire en ligne)
  12. voir Observaciones de un viejo carlista sobre las pretensiones de un Principe al trono de Espana (1948), pamphlet de Melchor Ferrer
  13. García Riol 2015, p. 350.
  14. En espagnol, le terme apparaît dans l'historiographie[1] mais il est surtout utilisé comme qualificatif stigmatisant par certains partisans carlistes qui le récusent comme une forme de collaborationnisme[2]. Celui de « carlofranquistes » (espagnol : carlofranquistas) est attesté dans des travaux académiques en anglais (Carlo-Francoist)[3]. D'autres expressions équivalentes, elles aussi souvent péjoratives, sont « carlisme collaborationnistes », « carlistes collaborationnistes »[4], « carlistes unifiés »[5] « carlisme franquiste »[6], « tradicionalistes pro-franquistes » par Josep Carles Clemente[7], « pseudotraditionalistes franquistes »[8], « carlo-phalangistes »[9] Certains auteurs parlent également de « carlo-phalangisme »[10] « carlo-fascistes »[11] ; les carlistes javieristas parlent également de « carlo-fascisme »[12] ; également « traditionalistes du Movimiento[13] ».
  15. Caspistegui Gorasurreta 1997, p. 10.
  16. Blinkhorn 2008, p. 295.
  17. Canal 2000, p. 342.
  18. Peñas Bernaldo de Quirós 1996, p. 241-275.
  19. Marín i Corbera 2016, p. 107.
  20. Miranda García et Cuenca Toribio 1987, p. 108.
  21. Giménez Martínez 2015, p. 79.
  22. Mestre i Campi 2004. « El 1939 el carlisme es va trobar davant la paradoxa de formar part dels vencedors, però alhora no ser reconegut legalment en el nou règim. »
  23. Rivera Blanco 2022, p. 462. « Después de su extraordinario tributo de sangre y de haber ganado la primera de sus guerras civiles, [los carlistas] enseguida vieron que no iban a recibir sino puestos en la Administración (no tanto en el partido único) y nada de satisfacción de su programa político (más allá de los elementos coincidentes a todas las derechas: religiosidad extrema, autoritarismo, corporativismo, las influencias doctrinales de Vázquez de Mella…). Se repetía a algún nivel lo ocurrido en la anterior dictadura: era un éxito de sus postulados —así lo vieron los pragmáticos: el régimen era más neotradicionalista que nacionalsindicalista o totalitario—, pero no de la Comunión, de manera que volvieron a acomodarse en esta mientras le negaban el pan y la sal al sistema (“la Comunión estuvo en el Alzamiento, pero no en el Movimiento”). Los de Rodezno (los Oriol Urquijo, Rafael Olazábal, José María Arauz de Robles…) no lo dudaron, e incluso se plegaron a la opción monárquica de don Juan (y luego de Juan Carlos) sin contradecir al dictador. Los otros franquistas, los carloctavistas de la Comunión Católico-Monárquica de Cora y Lira (y de Esteban Bilbao, eterno presidente de las Cortes, y de su sucesor Antonio Iturmendi), ortodoxos de la doctrina y entregados por completo al régimen, mantuvieron su candidato particular (Carlos Pío de Habsburgo-Lorena y Borbón) de manera irrelevante hasta la muerte de este, en 1953. »

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