Albert Lautman

Albert Lautman [albɛʁ lotman], né à Paris le et fusillé au camp de Souge le , est un philosophe des mathématiques et résistant français.

Normalien agrégé proche de Jacques Herbrand puis des fondateurs du groupe Bourbaki, qui l'engagent sur la voie du structuralisme mathématique, il reste, contrairement à son répétiteur et ami Jean Cavaillès, attaché à un fondement réaliste des mathématiques et défend, sans avoir eu le temps d'achever son argumentation, une forme actualisée du « platonisme mathématique » de Jacques Hadamard.

Son œuvre, inachevée, tient en moins de quatre cents pages. Sa recherche d'une unité de la science, mathématique et physique, dans des couples « dialectiques » ou dyades, le global et le local, l'intrinsèque et l'extrinsèque, l’essence et l’existence, le continu et le discret, la symétrie et la dissymétrie, le même et l'autre, tente de définir comme des « schémas de structure » mais aussi des « schémas de genèse » les conditions pour résoudre les défis techniques auxquels sont confrontés ses contemporains mathématiciens, tels qu'Élie Cartan, André Weil ou Charles Ehresmann. Sans prétentions heuristiques précises, elle se donne comme le cadre métaphysique d'une réponse aux apories que soulève son étude détaillée de l'état de la science d'alors, par exemple la notion de fibre, la fonction zéta mais aussi la théorie des quanta. Au delà d'un parti pris ontologique, elle demeure jusqu'à aujourd'hui, à travers la théorie des motifs, la théorie des catégories, ou l'algèbre non commutative, une vision synthétique féconde.

Coacteur d'une spectaculaire évasion de son oflag, Albert Lautman participe durant l'Occupation au réseau Pat O'Leary depuis Toulouse et s'engage le 1er janvier 1943 dans les FFC. Chargé en janvier 1944 d'organiser à Grenade sur Garonne un maquis de l'Armée secrète, il est trahi et, le 15 mai, arrêté par la Gestapo, embarqué le 3 juillet dans le « train fantôme » à destination de Dachau.

« La réalité inhérente aux théories mathématiques leur vient de ce qu'elles participent à une réalité idéale qui est dominatrice par rapport à la mathématique, mais qui n'est connaissable qu'à travers elle[3]. »

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  2. « « Comme dans la philosophie d’Heidegger, il est possible de voir dans la philosophie des mathématiques telle que nous la concevons, l’activité fondamentale se transformant en la genèse de notions concernant la réalité. », J. Lautman, Nouvelles recherches sur la structure dialectique des mathématiques, p. 226, Hermann, Paris, 1939.
  3. A. Lautman, « De la réalité inhérente aux théories mathématiques », in Travaux du IXe Congrès international de philosophie, t. VI, p. 143, coll. Actualités scientifiques et industrielles, no 535, Hermann, Paris, 1937.

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