Angelus Silesius

Angelus Silesius
Angelus Silesius en 1677.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Saint Matthew church in Wrocław (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Johann SchefflerVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Hierothei BaranofskyVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Médecin écrivain, écrivain, poète, prêtre chrétien, théologienVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Ordre religieux
Œuvres principales
Le Pèlerin chérubinique (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Angelus Silesius ou Johannes Angelus Silesius, né Johannes Scheffler en à Breslau (en Basse-Silésie, alors sous domination de la dynastie autrichienne des Habsbourg) et mort le dans la même ville, est un poète, médecin, théologien, prêtre (franciscain) et mystique allemand. Ses épigrammes profondément religieuses, d'un mysticisme très aigu et particulier, sont considérées comme l'une des œuvres lyriques les plus importantes de la littérature baroque. Il est à ce titre parfois surnommé « le Prophète de l'Ineffable[1] ».

Élevé dans le luthéranisme, il découvre au cours de ses études les œuvres de certains mystiques du Moyen Âge ainsi que celles de Jakob Böhme par l'intermédiaire d'Abraham von Franckenberg. Son mysticisme et ses critiques de la confession d'Augsbourg le placent dans une position difficile vis-à-vis des autorités luthériennes ; il entrera donc dans l'Église catholique en 1653.

C'est alors qu'il prend le nom d’Angelus Silesius (en latin, soit en français : « le messager de Silésie » ; en effet le latin Angelus, « Ange » en français, est dérivé du grec ángelos / ἄγγελος : « messager »). Il choisit ce patronyme parce qu'il souhaite prendre comme référence Jean-Baptiste[2] tel qu'il est présenté dans l'évangile selon Marc en Mc 1,2 (reprenant le prophète Isaïe) : Ecce ego mitto angelum meum, ante faciem tuam, qui præparabit viam tuam ante te[3] (« Voilà que j'envoie mon ange (messager) devant toi, qui préparera ton chemin avant toi »). Ou bien, dans la traduction de la Bible de Jérusalem en 1973 : « Selon qu’il est écrit dans Isaïe le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route »[4]. On ne sait pas avec certitude pourquoi il ajoute Silesius (« le Silésien ») à son patronyme, peut-être pour honorer la mémoire du théosophe, silésien comme lui, Jakob Böhme, et pour se distinguer lui-même d'autres écrivains connus à son époque : peut-être le poète mystique franciscain Juan de los Ángeles ou encore le théologien luthérien de Darmstadt Johann Angelus, prénommé donc, comme lui, Johann[5],[6]. D'ailleurs, de 1653 jusqu'à sa mort, il n'utilisera plus que le nom d’Angelus Silesius, parfois en y adjoignant son prénom : sa signature complète est alors Johannes Angelus Silesius, soit en latin Iohannis Angelus.

Entré chez les franciscains conventuels, il est ordonné prêtre en 1661. Il se retire dix ans plus tard dans une maison jésuite, où il passe le reste de sa vie.

Converti enthousiaste, Angelus Silesius cherche à ramener au catholicisme les protestants de Silésie, écrivant pas moins de 55 tracts et pamphlets (et peut-être plus, car ils n'étaient pas tous signés de son vrai nom ni de son pseudonyme officiel) ! La plupart (soit 39 d'entre eux) seront republiés en deux volumes sous le titre Ecclesiologia en 1677.

Mais il est principalement connu aujourd'hui pour sa poésie religieuse, en particulier pour deux ouvrages publiés en 1657 : Les Saints Désirs de l'âme (Heilige Seelenlust), un recueil de 200 hymnes qui ont par la suite été utilisés aussi bien par les catholiques que par les protestants, et Le Pèlerin chérubinique (« Der Cherubinischer Wandersmann »), un recueil de 1 676 poèmes courts, principalement en alexandrins. Sa poésie explore les thèmes du mysticisme, du quiétisme et semblerait tendre dans une certaine mesure au panthéisme pour certains de ses lecteurs[7], ou plutôt au panenthéisme, un peu comme son contemporain Spinoza[8], tout en restant dans le cadre de l'orthodoxie catholique. En effet, il s'est lui-même défendu de tout penchant pour le panthéisme dans son introduction au « Cherubinischer Wandersmann », du fait des tensions créées avec les autorités protestantes locales par ses écrits et son parcours, mais aussi parce qu'une telle accusation pouvait le refouler à l'extérieur du dogme catholique. Il y entreprend donc d'expliquer tous les aspects de sa poésie, y compris son goût du paradoxe dans la mouvance de la théologie négative, à l'intérieur du cadre le plus strict de l'orthodoxie catholique[9]. Ses détracteurs de l'époque, apparentant cette démarche justificative à un déni, considéraient que vouloir dissiper aussi fortement un doute rendait ce doute d'autant plus légitime. Mais pour autant les arguments d'Angelus Silesius devaient paraître suffisants aux autorités catholiques, puisqu'il a toujours obtenu l’imprimatur ecclésiastique pour la publication de l'ensemble de ses écrits[9]. Néanmoins c'est peut-être aussi cette « expérience des limites »[a] dans l’œuvre de Silesius qui fait une partie de son intérêt pour ses lecteurs d'aujourd'hui.

  1. (en) « Angelus Silesius », sur Wikiquote en anglais (consulté le ).
  2. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Zeller
  3. (la + fr) texte établi, traduit et annoté par le P. Lallemant (1660-1748), Le Nouveau Testament de N. S. Jésus Christ, texte de la Vulgate, Imprimerie de J.-G. Lardinois éditeur (Liège), , 550 p. (lire en ligne), p. 131.
  4. Marc l'Évangéliste, « Ministère de Jean-Baptiste, 1.2 », sur Bible de Jérusalem, (consulté le ). Voir aussi les différentes versions dans le comparateur de traductions ici : « Marc 1.2 », sur Comparateur biblique (consulté le ).
  5. Voir l'article extrait de la British & Foreign Evangelical Review, largement inspiré de l'ouvrage du Dr August Kahlert Angelus Silesius, Ein literar-historiche Untersuchung (Breslau, s.n., 1853) : (en) Hugh Sinclair Paterson et Joseph Samuel Exell, The British & Foreign Evangelical Review, volume XIX, issue LXXIV, contribution : Angelus Silesius, Physician, Priest and Poet [« La Revue évangélique de Grande-Bretagne et du reste du monde, volume XIX, chapitre LXXIV, article : Angelus Silesius, médecin, prêtre et poète »], édité par James Nisbet & Co (Londres), , 876 p. (The British & Foreign Evangelical Review. sur Google Livres), p. 682–700.
  6. (en) J. E. Crawford Flitch (trad.), « Introduction, II : "The Cherubinic Wanderer", dans Angelus Silesius: Selections from the Cherubinic Wanderer » [« Introduction, ch. 2 : « Le Voyageur chérubinique », dans Angelus Silesius : morceaux choisis extraits du Voyageur chérubinique, Londres 1932 »], sur Internet Sacred Text Archive, (consulté le ), p. 65.
  7. Christian Ruby, « Une subjectivité baroque », sur Espace Temps.net, (consulté le ), § 8.
  8. Jean-Claude Piguet, Le Dieu de Spinoza, Labor et Fides, 1987 (ISSN 0023-9054) (imprimé), (ISSN 1703-8804) (numérique).
  9. a et b (en) Benedict Guldner, « Angelus Silesius dans Catholic Encyclopedia, vol. 1 », sur Wikisource en anglais, (consulté le ).


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