Automutilation

L’automutilation se caractérise par des blessures et dommages physiques directs[1], avec ou sans intention suicidaire. Ce terme est utilisé dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR). Son usage est discutable pour ce qui concerne les lésions cutanées auto-infligées, car le latin mutilare renvoie à la section irréversible d'un membre ou d'un organe (exemple : se crever un œil ou se couper un doigt)[2]. La forme la plus répandue d'automutilation est la dégradation cutanée (se taillader), mais l'automutilation couvre un vaste éventail comportemental, ce qui inclut (mais ne se limite pas à) brûlures, abrasions, griffures, cognement de certaines parties du corps, réouverture d'anciennes plaies cutanées, arrachage de cheveux (trichotillomanie) et ingestion de substances ou objets toxiques[3],[4].

Les comportements associés à un abus substantiel et aux troubles des conduites alimentaires ne sont généralement pas considérés comme automutilation car les dommages infligés à l'organisme ne sont pas intentionnels[5]. Bien que le suicide ne soit pas directement lié à l'automutilation, la relation entre automutilation et suicide est complexe car les blessures intentionnelles peuvent constituer une menace pour l'individu[6]. Il existe également un risque élevé de suicide chez les individus qui se mutilent[3],[7], dont environ 40–60 % en meurent[8]. Cependant, les individus qui s'automutilent sont perçus comme étant suicidaires, ce qui est, pour la majeure partie des cas, inexact[9].

L'automutilation chez l'enfant est rare mais le nombre augmente depuis les années 1980[10]. L'automutilation est listée dans le DSM-IV-TR en tant que symptôme du trouble de la personnalité borderline. Cependant, d'autres patients diagnostiqués peuvent également s'automutiler, en particulier ceux atteints de dépression, de troubles anxieux, d'addiction substantielle, de troubles des conduites alimentaires, de trouble de stress post-traumatique, de schizophrénie et autres troubles de la personnalité[5]. Les motivations varient et l'automutilation est faite pour combler un nombre de différentes fonctions[11]. Ces fonctions incluent l'automutilation comme aide à de différents troubles tels que l'anxiété, la dépression, le stress intense, le manque affectif et une grande remise en question de soi. L'automutilation est souvent associée à des traumatismes et abus, soit violence psychologique, agression sexuelle, toxicomanie, trouble des conduites alimentaires ou autres traits mentaux tels que l'estime de soi ou le perfectionnisme. Elle est notamment répandue chez les adolescents et jeunes adultes, et apparaît habituellement entre 12 et 24 ans[12],[13]. Cependant, elle peut survenir à tout âge[11] même durant la vieillesse[14]. Le risque de suicide et de profondes blessures est élevé chez les personnes âgées qui se mutilent[13]. L'automutilation ne se limite pas aux humains. Les primates et les oiseaux, par exemple, sont également connus pour la pratiquer lorsqu'ils sont en captivité[15],[16],[17].

Les méthodes utilisées pour traiter l'automutilation se concentrent principalement sur les causes plutôt que sur le comportement en lui-même. Lorsque l'automutilation est associée à la dépression, les antidépresseurs et autres traitements médicamenteux peuvent être efficaces, ainsi qu'un accompagnement psychologique[7]. D'autres approches consistent à occuper le patient grâce à d'autres activités, ou à remplacer l'automutilation par des comportements plus sécurisés qui ne provoquent pas des blessures permanentes[18].

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  2. Pommereau X., Brun M., Moutte J.-Ph. (2009) L'adolescence scarifiée, L'Harmattan.
  3. a et b (en) Skegg, K., « Self-harm », Lancet, vol. 336,‎ , p. 1471
  4. (en) Truth Hurts Report, Mental Health Foundation, , 92 p. (ISBN 978-1-903645-81-9, lire en ligne).
  5. a et b (en) Klonsky, E.D., « Non-Suicidal Self-Injury: An Introduction », Journal of Clinical Psychology, vol. 63,‎ , p. 1039 (PMID 17932979, DOI 10.1002/jclp.20411).
  6. (en) Farber, S. et al., « Death and annihilation anxieties in anorexia nervosa, bulimia, and self-mutilation », Psychoanalytic Psychology, vol. 24,‎ , p. 289–305 (DOI 10.1037/0736-9735.24.2.289).
  7. a et b (en) Haw, C. et al., « Psychiatric and personality disorders in deliberate self-harm patients », British Journal of Psychiatry, vol. 178,‎ , p. 48–54 (PMID 11136210, DOI 10.1192/bjp.178.1.48).
  8. (en) Hawton K., Zahl D. et Weatherall, R., « Suicide following deliberate self-harm: long-term follow-up of patients who presented to a general hospital », British Journal of Psychiatry, vol. 182,‎ , p. 537–542 (PMID 12777346, DOI 10.1192/bjp.182.6.537).
  9. (en) C. Fox et Hawton, K, Deliberate Self-Harm in Adolescence, Londres, Jessica Kingsley Publishers, , 1re éd., 143 p., poche (ISBN 978-1-84310-237-3, présentation en ligne).
  10. (en) Thomas B, Hardy S et Cutting P, Stuart and Sundeen's mental health nursing : principles and practice, Londres, Elsevier Health Sciences, , 343 p. (ISBN 978-0-7234-2590-8, lire en ligne).
  11. a et b (en) Swales, M., Pain and deliberate self-harm, The Welcome Trust (lire en ligne).
  12. (en) Schmidtke A et al., « Attempted suicide in Europe: rates, trends and sociodemographic characteristics of suicide attempters during the period 1989–1992 », Acta psychiatrica Scandinavica, vol. 93,‎ , p. 327–338 (PMID 8792901, DOI 10.1111/j.1600-0447.1996.tb10656.x)
  13. a et b (en) National Institute for Clinical Excellence, National Clinical Practice Guideline Number 16 : Self-harm, The British Psychological Society, (lire en ligne).
  14. (en) Pierce, D., « Deliberate self-harm in the elderly », International Journal of Geriatric Psychiatry, vol. 2,‎ , p. 105–110 (DOI 10.1002/gps.930020208).
  15. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées AvianPlucking
  16. (en) Jones IH. et Barraclough BM., « Auto-multilation in animals and its relevance to self-injury in man », Acta Psychiatrica Scandinavica, vol. 58,‎ , p. 40–47 (PMID 99981, DOI 10.1111/j.1600-0447.1978.tb06918.x).
  17. « Picage chronique » (consulté le ).
  18. (en) Klonsky ED. et Glenn, CR., « Resisting Urges to Self-Injure », Behavioural and Cognitive Psychotherapy, vol. 36,‎ , p. 211–220 (DOI 10.1017/S1352465808004128).

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