Bioturbation

Schéma présentant la diversité des espèces benthiques et notamment des organismes bioturbateurs (6) qui ont un impact sur le type et l'intensité du remaniement sédimentaire et de la bioirrigation (en).
Les fourmis champignonnistes attistes cultivent un champignon symbiote. Elles transportent des feuilles découpées par leurs ouvrières sur des centaines de mètres. Dans la fourmilière, de minuscules ouvrières, les jardinières, fragmentent les morceaux de feuilles, les imprègnent de salive et les compactent pour former le jardin ou meule à champignon. C'est une des nombreuses formes de bioturbation "horizontale".
Outre des protéines, les saumons reproducteurs ramènent de l'océan à la source où ils vont pondre et mourir, une grande quantité d'oligoéléments rares dans les hauts des bassins versants (phosphore, iode, magnésium, etc.). Via les excréments de leurs prédateurs ces oligoéléments sont dispersés dans le haut du bassin versant, contribuant à l'enrichir. C'est une autre forme de bioturbation.
Le ver de terre déplace horizontalement ou verticalement (selon l'espèce) de grandes quantités de matière et d'éléments chimiques. Il enfouit notamment dans le sol les feuilles mortes décomposées.
Les bousiers contribuent à enfouir de la matière organique (excréments). Entrée d'une galerie creusée par un typhaeus (Typhaeus typhoeus).

La bioturbation désigne le réarrangement physique du matériel pédologique ou des sédiments par le mouvement (remaniement) d'organismes vivants (dits bioturbateurs) au niveau du sol (pédoturbation) ou des fonds marins (bioturbation benthique). Phénomène ubiquiste présent dans tous les écosystèmes terrestres et aquatiques, ce déplacement vertical et horizontal de la matière organique et des particules minérales se produit en profondeur (terriers, galeries des animaux considérés comme des espèces ingénieures) ou en surface (traces d'enfouissement, de marche, de reptation qui, lorsqu'elles sont préservées dans les roches, constituent les ichnofossiles). Le mélange actif des couches de sol ou de la colonne sédimentaire peut être d'origine animale (zooturbation essentiellement due aux animaux fouisseurs invertébrés terrestres — fourmis, termites, vers de terre —, benthiques — vers arénicoles, crustacés —, et vertébrés — taupes, marmottes, wombats), végétale (phytoturbation ou floraturbation due à la croissance racinaire et aux chutes d'arbres) ou microbien. La microbioturbation est due à l'action des microorganismes, de la microfaune (nématodes) et de la mésofaune (acariens, collemboles) , la macrobioturbation à l'action de la macroflore et de la macrofaune (vers de terre, arthropodes) qui gouvernent la répartition de la matière minérale et organique et sa transformation en contrôlant les activités métaboliques des communautés fongiques et des peuplements bactériens aérobies et anaérobies. Ainsi, les interactions mutualistes des organismes bioturbateurs avec ces microorganismes, en oxygénant le substrat poreux, en réalisant un mélange intime de la matière minérale (provenant essentiellement[1] de l'altération, en profondeur, de la roche-mère)[2] et de la matière organique vivante ou non (venue de la surface), jouent un rôle important dans la régulation des cycles biogéochimiques à différentes échelles emboîtées de temps et d'espace[3].

  1. Une faible part des éléments minéraux essentiels proviennent des apports atmosphériques ou hydriques (alluvions) en surface
  2. Le seul élément nutritif essentiel ne provenant pas essentiellement de la roche-mère est l'azote (0,1 voire exceptionnellement 1 gramme par kilogramme de roche : la libération de l'azote de la roche-mère ne pourvoit qu'à un faible pourcentage de la quantité d'azote des sols dont la source principale est l'azote atmosphérique. Ce gaz est transformé en ammonium ou en nitrates par des bactéries libres et des plantes fixatrices d'azote. La décomposition des végétaux par les microbes du sol, libère ces composés azotés qui redeviennent disponibles aux plantes.
  3. (en) Patrice Lavelle, Alister V. Spain, Soil Ecology, Springer Science & Business Media, , p. 173-177.

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