Castor fiber

Castor d'Europe, Castor commun, Castor d'Eurasie

Le castor d'Europe, castor commun ou castor d'Eurasie (Castor fiber Linné), jadis appelé bièvre[1], est une espèce de mammifère aquatique de la famille des Castoridae. C'est le plus grand rongeur autochtone d'Eurasie et de l'hémisphère Nord. Son apparence est très semblable à celle du castor du Canada.

Populations des deux espèces du castor en Europe, hors de la Russie, pour l'année 2003.
Castor d'Europe photographié dans la région de Tczew, dans le Nord de la Pologne. Les populations nordiques ont un pelage généralement plus foncé qu'au sud.
Bien que malhabile hors de l'eau, le castor d'Europe collecte de la nourriture jusqu'à 15-30 m de la berge, même en hiver (ici sur les bords de la Narewka à Białowieza)
Quand il nage en surface, les narines, les yeux et les oreilles du Castor d'Europe restent émergés. Ses yeux très latéraux lui procurent un large champ de vision.
En été, outre des plantes aquatiques et palustres, le Castor d'Europe mange des herbacées et des fruits à proximité de l'eau. Ici, une mère et son petit (dans le Tayside en Écosse où le castor fait l'objet d'une réintroduction, préparée depuis 1995).
La marque la plus visible du castor est le barrage fait de bois et de terre qu'il construit parfois, pour maintenir l'eau à un niveau qui lui convient (ici dans le Parc national de Lahemaa en Estonie).

Si l'origine des castors remonte à 54 millions d'années[2], les espèces actuelles Castor fiber et Castor canadensis auraient divergé il y a environ 7,5 millions d'années, lors de la colonisation de l'Amérique du Nord par une population probablement restreinte originaire d'Eurasie[2].

Dans presque toute l'Eurasie fraîche et tempérée, depuis au moins 5 millions d'années et jusqu'à il y a 10 000 ans environ, le Castor d'Europe a joué un rôle majeur dans la configuration des paysages et des écosystèmes et en particulier des hydrosystèmes de plaine alluviale[3], mais aussi de moyenne et basse montagne[4]. Ses aménagements ont donné leur forme à de nombreuses forêts, ont sélectionné les arbres des zones humides (tous aptes à recéper), ont conditionné l'existence d'une grande partie des zones humides, de la flore des berges et de la faune associée. Il a eu une influence majeure sur la forme des cours d'eau, de la basse montagne jusqu'aux estuaires, où l'on peut encore trouver des traces fossiles d'avulsion et de barrages[5],[3], sur la constitution de nombreuses tourbières, couvrant des surfaces importantes et devenus des puits de carbone majeurs en zone subpolaire, de certaines nappes phréatiques. Ces effets ont été particulièrement importants durant les trois précédentes périodes interglaciaires[6] et durant le Tardiglaciaire, au point qu'il faille reconsidérer une partie des données paléoenvironnementales et paléopaysagères, traditionnellement attribuées aux changements climatiques ou à l'anthropisation durant l'âge de la pierre en Europe. Certains grands changements écopaysagers ne seraient simplement ni climatiques, ni d'origine humaine mais auraient comme source l'activité des populations de castors[7],[8],[6]. Il a joué ce rôle jusqu'à sa quasi-disparition à la fin du XIXe siècle. De la fin de la Préhistoire au Moyen Âge la destruction par l'homme des castors et de leurs infrastructures de barrages ont eu diverses conséquences écopaysagères négatives[6].

Après avoir failli disparaître, Castor fiber a été classé espèce protégée dans plusieurs pays (dont la France[9], la Belgique, la Suisse et le Luxembourg), lui permettant de commencer à reconquérir une partie de ses habitats[10] : les cours d'eau, les zones humides, les tourbières, les lacs, les étangs d'Europe et d'Asie[11]. Il a fait l'objet d'opérations de réintroduction dans certains pays. Il reste néanmoins vulnérable en raison d'un récent effondrement de sa diversité génétique.

Cette « espèce-ingénieur »[12],[13],[14],[15] des écosystèmes est aussi une «espèce-clé» et facilitatrice[14],[16] en raison de sa capacité à retenir l'eau par ses barrages et à accroître la biodiversité en complexifiant[17] et en ouvrant certaines parties des ripisylves[18], permettant l'expression d'une flore et d'une faune plus héliophiles. Capable de régénérer ou d'augmenter la diversité des espèces localement[19] et à des « échelles paysagères »[13], il est considéré comme un « auxiliaire » de la renaturation et « revitalisation »[20] des cours d'eau, nécessaire à la restauration écologique et à la vie sauvage des cours d'eau[21],[22],[20].

De très nombreux noms de lieux de la zone tempérée d'Europe (voir « Articles connexes » en bas de page) attestent sa présence à l'époque historique ou préhistorique, y compris en des lieux où il n'est plus présent aujourd'hui, par exemple sur la Bièvre, une courte rivière de 35 km qui se termine de nos jours dans les égouts de Paris (rive gauche).

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  9. En France, sous le contrôle de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et du « réseau castor » (voir la « page consacrée au Castor »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur oncfs.gouv.fr - site disparu ; cliquer sur « Archive.is ») et sous l'égide du ministère chargé de l'environnement.
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  14. a et b Rosell et al. 2005.
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  16. Zwolicki 2005.
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