Une digression (du latin digressio, du verbe digredi signifiant « action de s’éloigner »[2] ; en grec : « παρέκβασις (parékbasis) ») est une figure de style qui consiste en un changement temporaire de sujet dans le cours d'un récit, et plus généralement d'un discours, pour évoquer une action parallèle ou pour faire intervenir le narrateur ou l'auteur (c'est l'épiphrase pour le roman, ou la parabase pour le genre théâtral).
Quoique le rhéteur Hermagoras de Temnos fasse de la digression une véritable partie du discours, elle est considérée comme un ornement inutile par la rhétorique antique et critiquée par Cicéron[3]. La digression est cependant une technique narrative éprouvée. Elle permet de dilater le récit, de ménager des pauses, de divertir ou d'ironiser, ou, enfin, d'insérer un commentaire de l'auteur. La digression, qui se distingue de la parenthèse, constitue en effet une pause dans la narration, soit à une fin ludique (sans relation au fait principal raconté) soit à une fin explicative lorsque le narrateur veut éclairer un point de l'histoire, soit enfin dans un objectif métadiscursif, c'est-à-dire de réflexion sur le discours lui-même. Si elle peut être rapide et ne constituer qu'un moment sans enjeu, elle est cependant très utilisée pour interroger le lecteur. En ce sens, elle peut être un ressort des stratégies discursives de l'auteur.
Plusieurs œuvres utilisent la digression comme un moyen de réinterroger le discours, parmi lesquels : Confessions d'un Anglais mangeur d'opium (1821) de Thomas de Quincey, Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme de Laurence Sterne (1760) ou encore Jacques le fataliste et son maître (1796) de Denis Diderot. Le cinéma y a également recours, ainsi que la composition musicale.