Diodore Cronos

Diodore Cronos
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Diodore Cronos, en grec ancien Διόδωρος Κρόνος / Diódôros Crónos (mort vers 284 av. J.-C.), était un philosophe grec de l'école mégarique. Il était originaire d'Iasos, ville de Carie (Asie Mineure), il avait 5 filles, toutes excellentes dialecticiennes[1], et son père s'appelait Ameinias[2]. Disciple d'Apollonios de Cyrène — qui, déjà avant lui, était surnommé Cronos et lui transmit en quelque sorte cet appellatif[3]—, il fut un représentant éminent de la dialectique éristique, où il eut notamment pour adversaire le théophrastéen Phainias d'Érèse. Zénon de Kition, entre autres, aurait été son élève[4].

Bien qu'il l'eût tout simplement hérité de son maître Apollonios, son surnom de « Κρόνος » (dieu qui régna dans les temps primitifs et devint de ce fait, chez les Comiques[5], l'archétype du vieillard gâteux) donna lieu à une historiette explicative aussi célèbre que peu vraisemblable[6], et dont Diogène Laërce s'est fait l'écho : une joute verbale, au cours d'un banquet donné à Alexandrie par Ptolémée Ier Sôter, aurait opposé Diodore au redoutable Stilpon, disciple probablement indirect d'Euclide de Mégare ; voyant l'incapacité de notre dialecticien à résoudre sur-le-champ les problèmes que lui soumettait Stilpon, le roi se serait moqué de lui et l'aurait gratifié de ce sobriquet, qui correspond à peu près à notre expression « vieux fou » ou « grand radoteur », mais lui ajoute le piment d'un humour mythologique bien difficile à rendre dans les langues modernes[7]. La même tradition va plus loin en rapportant que Diodore, désespéré, se donna la mort peu après le susdit banquet, non sans avoir, au préalable, écrit un traité aporétique sur les problèmes posés[8].

Le grand principe de sa physique était l'impossibilité du mouvement[9], mais le point de sa doctrine le plus souvent mentionné est sa remise en question des « futurs contingents » à l'aide d'un argument auquel la tradition a attaché l'épithète de dominateur.

  1. Clément d'Alexandrie (trad. de Genoude), Stromates, (lire en ligne), Livre IV, chap. XIX
  2. Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, II, 111.
  3. Voir Id., ibid., II, 111, et Strabon, Géographie, XIV, 2, 21 (fr. 98).
  4. Id., ibid., VII, 16 et 25.
  5. Voir par ex. Aristophane, Nuées, 929, et Guêpes, 1480.
  6. En admettant même que la confrontation racontée se soit réellement produite, Ptolémée n'a pu, tout au plus, qu'y déclarer que Diodore Cronos n'avait pas volé son surnom.
  7. Diogène Laërce (trad. Charles Zévort), Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, Paris, Charpentier, (lire en ligne), Livre II, chap. X ou plutôt 111 (« Euclide ») ; une meilleure traduction, dirigée par M.-O. Goulet-Gazé, existe depuis 1999 dans la collection "La Pochothèque" (voir donc celle-ci, p. 322).
  8. Diogène Laërce, op. cit., II, 112, trad. Goulet-Cazé, p. 322.
  9. L'exposé antique le plus détaillé sur la négation diodorienne du mouvement se trouve chez Sextus Empiricus, Adversus mathematicos, X, 48 ; 86 ; 113-117. Voir aussi Id., Esquisses pyrrhoniennes, III, 71 : texte donné infra et n. 10.

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