La fantasia est une tradition équestre pratiquée essentiellement au Maghreb - incluant le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye -, se manifestant par la simulation d'assauts militaires. Cet art est notamment appelé « jeu de la poudre » ou « jeu des chevaux », et porte divers noms en fonction des régions, dont tbourida au Maroc.
L'inscription de la tbourida sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité est annoncée par le Comité du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco en décembre 2021 au nom du Maroc, faisant suite au classement en décembre 2013 du pèlerinage annuel au mausolée Sidi Abdelkader au nom de l'Algérie, qui se caractérise par ses compétitions équestres.
Pratique très ancienne en Afrique du Nord-Ouest, elle prend le plus souvent la forme d'évolutions équestres au cours desquelles des cavaliers, munis de fusils à poudre noire et chevauchant des montures richement harnachées, simulent une charge de cavalerie dont l'apothéose est le tir coordonné d'une salve de leurs armes à feu. Elle peut en outre, selon les régions, être exécutée à dos de dromadaire ou à pied.
La fantasia relève indirectement d'une tradition équestre berbère très ancienne, à mettre en rapport avec l'introduction du cheval barbe, qui fut notamment utilisé chez les Libyens orientaux pour tracter des chars, dès le XIIIe siècle av. J.-C., puis, pendant le millénaire suivant, adapté en tant que monture par les Paléo-Berbères, avec, plus tard, les chevauchées de la célèbre cavalerie numide du roi Massinissa[1]. Signalée à la fin du xviiie siècle par les témoignages de voyageurs au Maghreb, elle sera formellement connue, et prendra ce nom de fantasia, dès 1832, grâce au peintre français Eugène Delacroix et aux tableaux qu'il en fait. Elle deviendra ensuite l'un des sujets de prédilection des peintres orientalistes les plus illustres, tels qu'Eugène Fromentin ou Marià Fortuny.
La fantasia accompagne le plus souvent les fêtes importantes (mariages, naissances, fêtes religieuses, etc.), même si l'aspect touristique l'emporte largement de nos jours.
Une pratique en partie semblable — mais sans armes à feu — existe également au Japon, dans le cadre du festival annuel Soma Nomaoi créé par le clan Sōma et pratiqué par les clans samouraïs.
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