French Theory

Jean Baudrillard en 2004.

La French Theory (/fɹɛnt͡ʃ ˈθiːəɹi/[1] ; littéralement « théorie française » en anglais) est un corpus postmoderne de théories philosophiques, littéraires et sociales, où le concept de déconstruction tient une place centrale, dans la lignée du post-structuralisme.

Cette terminologie anglaise émerge dans les universités et les travaux de recherche américains dans les années 1970 à partir d'un courant de pensée né dans les années 1960 en France, et doit beaucoup, en termes de diffusion, à la revue Semiotext(e) (en) fondée par Sylvère Lotringer en 1974 (Université Columbia, MIT Press)[2].

La French Theory rencontra un engouement particulier dans les départements américains de lettres (Humanities), à partir des années 1980, où elle a contribué à l'apparition des études culturelles, études de genre et études postcoloniales. La French Theory a également eu une forte influence dans le milieu des arts et du militantisme. Dans le champ des recherches universitaires américaines, elle prend le nom plus scientifique de post-structuralism.

Les principaux auteurs rattachés à ce mouvement sont, en France : Louis Althusser, Jean Baudrillard, Simone de Beauvoir, Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault, Félix Guattari, Luce Irigaray, Julia Kristeva, Jacques Lacan, Jean-François Lyotard, Jacques Rancière, René Girard et Monique Wittig, et aux États-Unis : Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Gayatri Chakravorty Spivak, Stanley Fish, Edward Said, Richard Rorty, Fredric Jameson, Avital Ronell, Donna Haraway.

Le retentissement des travaux de ces auteurs français a donné naissance aux États-Unis à un mouvement intellectuel appelé French Theory. À la suite de l'affaire Sokal, fut publié, en octobre 1997, l'ouvrage d'Alan Sokal et Jean Bricmont : Impostures intellectuelles[3], qui fut à l'origine d'une certaine médiatisation en France de la French Theory, ainsi que de critiques et débats à l'encontre de ses inspirateurs. Les auteurs de l'ouvrage y critiquent le manque de rigueur et de pertinence des propos d'un certain nombre de philosophes liés à la French Theory, lorsqu'ils tentent de se servir des sciences dites « dures » dans leur argumentation.

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  2. (en) Hedi El Kholti, Chris Kraus, Sylvère Lotringer (dir.), The History of Semiotext(e), Los Angeles, Whitney Biennial Catalogue / Whitney Museum of Art (New York), 2014.
  3. François Cusset, French Theory : Foucault, Derrida, Deleuze, & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux États-Unis, Paris, La Découverte, 2003, p. 18.

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