La French Theory (/fɹɛnt͡ʃ ˈθiːəɹi/[1] ; littéralement « théorie française » en anglais) est un corpus postmoderne de théories philosophiques, littéraires et sociales, où le concept de déconstruction tient une place centrale, dans la lignée du post-structuralisme.
Cette terminologie anglaise émerge dans les universités et les travaux de recherche américains dans les années 1970 à partir d'un courant de pensée né dans les années 1960 en France, et doit beaucoup, en termes de diffusion, à la revue Semiotext(e) (en) fondée par Sylvère Lotringer en 1974 (Université Columbia, MIT Press)[2].
La French Theory rencontra un engouement particulier dans les départements américains de lettres (Humanities), à partir des années 1980, où elle a contribué à l'apparition des études culturelles, études de genre et études postcoloniales. La French Theory a également eu une forte influence dans le milieu des arts et du militantisme. Dans le champ des recherches universitaires américaines, elle prend le nom plus scientifique de post-structuralism.
Les principaux auteurs rattachés à ce mouvement sont, en France : Louis Althusser, Jean Baudrillard, Simone de Beauvoir, Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault, Félix Guattari, Luce Irigaray, Julia Kristeva, Jacques Lacan, Jean-François Lyotard, Jacques Rancière, René Girard et Monique Wittig, et aux États-Unis : Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Gayatri Chakravorty Spivak, Stanley Fish, Edward Said, Richard Rorty, Fredric Jameson, Avital Ronell, Donna Haraway.
Le retentissement des travaux de ces auteurs français a donné naissance aux États-Unis à un mouvement intellectuel appelé French Theory. À la suite de l'affaire Sokal, fut publié, en octobre 1997, l'ouvrage d'Alan Sokal et Jean Bricmont : Impostures intellectuelles[3], qui fut à l'origine d'une certaine médiatisation en France de la French Theory, ainsi que de critiques et débats à l'encontre de ses inspirateurs. Les auteurs de l'ouvrage y critiquent le manque de rigueur et de pertinence des propos d'un certain nombre de philosophes liés à la French Theory, lorsqu'ils tentent de se servir des sciences dites « dures » dans leur argumentation.