Hidalgo (noblesse)

Portrait d'un hidalgo au XVIe siècle
Couronne héraldique d'hidalgo espagnol.

L'hidalgo (en espagnol) était, en Castille et puis au royaume d’Espagne, tout comme en Amérique hispanique, un membre de la petite noblesse, sans autre titre spécifique, héritier par le sang de cette noblesse de ses ancêtres, l’équivalent du français gentilhomme, de l’italien gentiluomo, ou de l’anglais gentleman. En effet, le terme gentilhombre ne signifie pas en castillan « gentilhomme » mais « valet ». Le mot hidalgo désigne donc, en Castille, toute personne appartenant à la noblesse simple, qui n’était pas roturière.

En Castille, le terme hidalguía s’impose au XIIIe siècle pour désigner l’ensemble des membres de la petite noblesse de sang. Le terme a été importé au Portugal au XVe siècle, sous Alphonse V, lors de sa réforme centralisatrice de la maison royale portugaise, où il a pris le nom de fidalgo, à ne pas confondre avec hidalgo, puisque le sens des deux mots est très différent : au Portugal, le titre de fidalgo fut réservé aux plus importants nobles de la cour, inscrits en deux ordres distincts sur les cahiers de la maison royale, et payés par le roi de par ce simple fait pour son service personnel, et celui de la Couronne, et à leurs descendants. Le terme portugais qui peut correspondre à celui de hidalgo est celui de infanção (littéralement : grand-enfant), le nom donné au Portugal jusqu’au XIVe siècle aux descendants des lignes puinées appauvries de ses (riches-hommes).

Au royaume de Navarre le terme équivalent était infançon[1].

Au début du XVIe siècle, alors que dans le reste de l'Europe la noblesse représente entre 1 % et 2 % de la population, elle atteint 11 % dans le royaume de Castille. La proportion varie selon les régions : celles de la cordillère Cantabrique au nord de la péninsule, non conquises par les musulmans, comprennent plus d'hidalgos que celles du sud. Ainsi, selon le recensement de 1591, si en Galice on compte à peine 5 % d'hidalgos, en Asturies ils représentent 76 % des habitants, en Cantabrie 86 %, en Alava 25 %[2].

Le mot castillan hidalgo vient de hijodalgo ou fijodalgo, contraction de hijo ou fijo et de algo qui signifie « fils de quelque chose… », comprendre: fils de quelqu'un (...d'important). Il s’applique très vite à l’ensemble du groupe nobiliaire qui jouit d’un même statut juridique se transmettant héréditairement (exemption fiscale, privilèges honorifiques et judiciaires comme le droit de ne pas être soumis aux châtiments corporels). Des droits similaires à ceux de cette hidalguía castillane se retrouvent chez les petits nobles appelés infanzones dans la partie castillane du royaume de Navarre.

À la Couronne d'Aragon, c’est-à-dire surtout en Catalogne, des privilèges ressemblant parfois par certains côtés à ceux des hidalgos de Castille étaient garantis aux bourgeois les plus importants de certaines villes, cas à cas, ceux-ci étant dits « citoyens honorables » pour être les seuls pouvant gouverner leur cité (ciutadans honrats) et y avoir droit de vote aux institutions municipales. Ces privilèges des citoyens bourgeois au Moyen Âge, similaires à ceux des bourgeois citoyens municipaux des grandes villes d’Italie, ou du Portugal (cidadão), ne rendaient pourtant pas nobles les citoyens bourgeois, sauf par grâce spéciale du roi.

  1. Jean-Baptiste Orpustan, Les noms des maisons médiévales en Labourd, Basse-Navarre et Soule, Izpegi,
  2. José Ramon Diaz de Durana, Alfonso de Otazu, « L'autre noblesse », sur Cairn info,

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