Histoire contrefactuelle

En science de l'Histoire, l’histoire contrefactuelle (ou approche contrefactuelle) est une méthode qui consiste à imaginer des développements historiques alternatifs[réf. souhaitée] (par exemple la chute de la république romaine à la suite de l'invasion gauloise, et ses conséquences possibles) à partir d'une situation réelle (celle de Rome et des celtes gaulois). La question qui permet d'amorcer ce type de réflexion est : « Que se serait-il passé si… ? ». Cette démarche est également présente en littérature (uchronie), en philosophie, en économie (évaluation d'impact) et dans certaines branches des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) comme la physique.

L’histoire contrefactuelle est une démarche d’analyse plus ou moins scientifique visant à imaginer les futurs alternatifs faisant suite au changement d’une variable, d’un “turning point” lors d’un événement historique, en général majeur, dont les conséquences proposent un enchaînement de faits alternatifs. Cette démarche est avant tout célèbre de par son utilisation dans la culture populaire via l’uchronie, empruntant cette méthodologie à des fins non scientifiques. Paradoxalement, c’est un outil de réflexion peu utilisé par les chercheurs à l'inverse son utilisation dans la littérature grand public[1].

Diverses dénominations peuvent aussi être utilisés comme approche virtuelle, spéculative, conjecturale, hypothétique ou encore para factuelle[1].

L'histoire contrefactuelle permet d'aborder de manière originale les problèmes de la causalité historique, du rôle de l'imagination, de l'écriture et des usages politiques de l'Histoire[2]. Il ne s'agit pas de réécrire ou contredire le récit officiel des événements passés, mais, à l'aune de l'historiographie, d'en comprendre les mécanismes, les facteurs causaux, les forces à l’œuvre. Il s'agit également de déterminer l'importance relative des décisions prises par des individus ou de groupes en fonction de leurs pouvoirs.

C’est une démarche qui se situe dans l’air du temps (fin des idéologies dans un contexte post Guerre froide, modification des rapports entre réel et fiction ou encore incertitudes dans un monde globalisé). Elle n’a pas vocation a devenir un tournant historiographique mais est utile en tant que “boite à outil” des sciences sociales pour son caractère critique et interprétatif[1].

La majorité des démarches contrefactuelles se focalisent majoritairement sur des événements majeurs ou des figures historiques importantes en utilisant le “turning point”, l’élément divergent, de bifurcation, comme déclencheur d’un enchainement de faits nouveaux[3]. Les conjectures qui en découlent suivent en général une suite logique, et plausible au risque de ne pas intégrer certaines variables possibles, peu probables ou inattendues[4].

  1. a b et c Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou, Pour une histoire des possibles: analyses contrefactuelles et futurs non advenus, Éditions du Seuil, coll. « L'univers historique », (ISBN 978-2-02-103482-0)
  2. Définition proposée lors du séminaire de recherche de Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou What If… ? Apports, limites et enjeux de la démarche contrefactuelle en histoire, EHESS, 2010.
  3. Florian Besson, « Introduction », dans Écrire l’histoire avec des « si », Éditions Rue d’Ulm, coll. « Actes de la recherche à l’ENS », (ISBN 978-2-7288-0983-7, lire en ligne), p. 11–25
  4. Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou, « Explorer le champ des possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus en histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 59-3, no 3,‎ , p. 70 (ISSN 0048-8003 et 1776-3045, DOI 10.3917/rhmc.593.0070, lire en ligne, consulté le )

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