La primatologie est la discipline qui étudie les mammifères de l'ordre des Primates, c'est-à-dire les singes, les tarsiers, les loris et galagos, et les lémuriens de Madagascar. Certains primatologues incluent les humains dans leur champ d'étude. Le développement de la primatologie en tant que science à part entière est récent, à partir de la seconde moitié du XXe siècle seulement. Néanmoins, l'étude et l'observation des primates par les sociétés humaines sont très anciennes. Si l'histoire de la primatologie suit en grande partie celle de la zoologie en général, elle présente plusieurs particularités uniques dues aux liens étroits et longtemps contestés qu'entretient l'espèce humaine avec les autres primates.
Dès la préhistoire, les hommes ont été en contact avec certains primates. La curiosité soulevée par ces animaux étranges qui semblent « singer » l'homme leur a souvent donné un statut particulier, celui d'objet de vénération et de culte religieux ou au contraire de monstre ou d'humain déchu. Les descriptions transmises par les auteurs antiques ont longtemps fait figure d'autorité pour les civilisations occidentales même si elles étaient plutôt confuses et inexactes. En effet, du fait de leur habitat principalement arboricole et leur distribution tropicale, les primates sont longtemps restés inaccessibles aux observateurs occidentaux. Il faut ainsi attendre l'âge des grandes explorations pour recueillir les premières mentions écrites de la plupart des espèces connues à ce jour. Contrairement à d'autres disciplines zoologiques comme l'ichtyologie, l'ornithologie ou l'entomologie, qui connaissent un développement précoce, ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle qu'apparaissent les premières études à caractère scientifique sur les primates.
En plaçant l'être humain dans l'ordre des primates qu'il crée pour l'occasion, Linné lance un débat qui durera près de deux siècles. Mais cette nouvelle classification est mise en doute par ses contemporains et, pendant plusieurs décennies, les sciences naturelles traitent des primates non-humains comme de n'importe quel groupe d'animaux, en excluant complètement l'homme. Puis, en 1871, la théorie de l'évolution de Darwin crée un nouveau bouleversement en avançant que l'homme et les autres hominidés partagent un ancêtre commun relativement récent. Malgré le développement de la paléoanthropologie qui rend cette parenté de plus en plus claire, le darwinisme est contesté jusque dans les premières décennies du XXe siècle. Il connait cependant un regain d'intérêt inégalé à partir des années 1930, qui conduit à la naissance de la primatologie moderne. Cette nouvelle discipline, à cheval entre la zoologie et l'anthropologie, se développe d'abord à partir de deux foyers indépendants. L'école occidentale, en Europe et en Amérique du Nord, naît de cette quête des origines lancée par le darwinisme. L'école orientale, au Japon, cherche plutôt la proximité en observant les comportements sociaux et culturels de communautés de primates sur plusieurs générations. Puis, à partir des années 1980, les pays du Sud, où vivent la grande majorité des primates, commencent à développer des structures de recherche et à former leurs propres primatologues. Au XXIe siècle, la primatologie s'est passablement éloignée des considérations anthropocentristes qui avaient été le catalyseur de son émergence et la science inclut de plus en plus la conservation des espèces dans ses objectifs.