Internationale situationniste

L’Internationale situationniste (IS) est une organisation de théoriciens, stratèges et activistes révolutionnaires opérant dans les domaines culturels, artistiques, politiques, sociaux et désireux d'en finir avec la société de classes et la « dictature de la marchandise ». Ses fondateurs se définissent eux-mêmes, dans le premier numéro de leur revue en 1958, comme ceux « qui s'emploient à construire des situations », une « situation construite » étant un « moment de la vie, concrètement et délibérément construit par l'organisation collective d'une ambiance unitaire et d'un jeu d'événements[1] ».

Elle est originellement l'expression d'une volonté de dépassement des tentatives révolutionnaires des avant-gardes artistiques de la première moitié du XXe siècle qu'ont été le dadaïsme, le surréalisme et le lettrisme.

Formellement créée en à la conférence d'unification de Cosio di Arroscia[2], l'Internationale situationniste naît du rapprochement d'un ensemble international de mouvements d'avant-garde, dont l'Internationale lettriste (elle-même issue d'une rupture avec le Lettrisme d'Isidore Isou), le Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste, le Comité psychogéographique de Londres et un groupe de peintres italiens. Son document fondateur, Rapport sur la construction de situations…[3], a été rédigé par Guy Debord en 1957. Dans ce texte programmatique, Debord pose l'exigence de « changer le monde » et envisage le dépassement de toutes les formes artistiques par « un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne ». Le dépassement de l'art est au cœur de son projet originel.

Au début, les situationnistes font parler d'eux par leur utilisation du calembour comme arme critique, tournant en dérision l'art contemporain pour démontrer l'inanité et le superficiel d'une culture dite bourgeoise.

Puis l'Internationale situationniste s'oriente rapidement vers une critique de ce qu'ils appellent la société du spectacle, ou société « spectaculaire-marchande », et une dénonciation du « règne de la survie[4] » accompagnée d'un objectif de révolution sociale. L'année 1962 voit la scission entre « artistes » et « révolutionnaires » et l'exclusion des premiers.

L'un des principaux objectifs de l'Internationale situationniste est devenu « l'accomplissement des promesses contenues dans le développement de l'appareil de production contemporain et la libération des conditions historiques par une réappropriation du réel, et ce, dans tous les domaines de la vie ».

Elle se place dans la continuation des thèses et actions anarchistes et libertaires du passé, dans la filiation de différents courants apparus au début du XXe siècle, notamment les pensées marxistes d'Anton Pannekoek et de Rosa Luxemburg, du communisme de conseils, la pensée du jeune Georg Lukács liée à son ouvrage Histoire et conscience de classe, ainsi que les travaux du groupe Socialisme ou barbarie (Claude Lefort, Cornelius Castoriadis notamment) dans les années 1950. En ce sens, elle peut être apparentée à un groupe d'ultra-gauche.

D'un point de vue organisationnel, l'Internationale situationniste conserve la position marxiste d'un parti théorique ambitionnant de représenter « le plus haut niveau de conscience révolutionnaire ». La théorisation de cette position ne se fait qu'assez tardivement, dans la Définition minimum des Organisations révolutionnaires (IS no 11), adoptée par la 7e Conférence de l'IS en 1967 et qui sera en France l'une des références du conseillisme de l'après mai 1968, et en 1969 dans les Préliminaires sur les conseils et l'organisation conseilliste (IS no 12).

L'Internationale situationniste s'autodissout en 1972 après la publication de La Véritable scission dans l'Internationale - Circulaire publique de l'Internationale situationniste.

Inscription d'inspiration situationniste au bord du lac de Neuchâtel (juillet 2023)
  1. non signé, membres de l'Internationale situationniste, « Définitions », Internationale situationniste (directeur: G.E Debord), N° 1,‎ , page 13 (lire en ligne)
  2. Internationale situationniste, no 1, p. 27
  3. Rapport sur la construction de situations et sur les conditions de l'organisation et de l'action de la tendance situationniste internationale. Publié en annexe , pages 689 à 701, de la réédition des 12 numéros de la revue "Internationale situationniste" par la librairie Arthème Fayard en 1997.
  4. cf. Raoul Vaneigem, Banalités de base, Internationale situationniste numéros 7 et 8, avril 1962-janvier 1963 et Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, Paris, Nrf Gallimard, 1967

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