Les Thibault

Les Thibault
Image illustrative de l’article Les Thibault
Couverture du 1er volume, Le Cahier gris,
édition originale (1922)

Auteur Roger Martin du Gard
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur La Nouvelle Revue française, éditions Gallimard
Date de parution De 1920 à 1940

Les Thibault est une suite romanesque de Roger Martin du Gard, composée de huit volumes d'inégale longueur dont la publication s'est étalée de 1922 à 1940. C’est tout particulièrement pour cette œuvre, et bien qu'il lui restât encore à en écrire l'Épilogue, que Roger Martin du Gard reçut, en novembre 1937, le prix Nobel de littérature.

Le cycle se compose de huit romans : Le Cahier gris (1922), Le Pénitencier (1922), La Belle Saison (1923), La Consultation (1928), La Sorellina (1928), La Mort du Père (1929), L'Été 1914 (1936) et Épilogue (1940).

À travers les destinées de deux familles bourgeoises, les Thibault et les Fontanin, est évoquée la France de la Belle Époque qui va sombrer dans le premier conflit mondial. L'ensemble du cycle est surtout centré sur les deux fils du riche notable catholique Oscar Thibault, deux frères que tout oppose : Antoine, l'aîné, médecin sûr de lui, esprit rationnel et plutôt conformiste, et son cadet de neuf ans, Jacques, idéaliste et tourmenté, en révolte contre les valeurs de la société bourgeoise puis militant socialiste. Mais l'amitié de Jacques pour Daniel de Fontanin introduit en contrepoint la famille de celui-ci, de confession protestante. Les deux premiers volumes voient Jacques et Daniel passer de l'adolescence à l'âge d'homme, tandis que les quatre suivants s'élargissent aux vicissitudes et hypocrisies de la vie bourgeoise, à l'ébranlement religieux et moral de ce début de XXe siècle : « le roman familial se transforme en fresque sociale[1] ». L'Été 1914 et l'Épilogue sont consacrés à la Grande Guerre, à son déclenchement comme à ses conséquences tragiques. « Je voudrais surtout ressusciter l'atmosphère du temps. L'agitation pacifiste internationale, autour de Jacques ; la vie bourgeoise, autour d'Antoine », écrit l'auteur à son ami André Gide en 1933[2] : dès lors « on passe de la fresque sociale à la fresque historique[1] ».

Héritier de la tradition réaliste-naturaliste et en particulier de la forme du roman familial[3], Martin du Gard brosse un tableau sans complaisance de la société tout en mettant au premier plan le vécu et les pensées des protagonistes, saisis avec une grande finesse psychologique dans le tissu des détails qui font le quotidien. Si l'organisation d'ensemble de ce roman-fleuve suit chronologiquement la vie et l'évolution intellectuelle et affective des héros, entourés d'une galerie de personnages secondaires variés voire pittoresques, ses différentes parties permettent à l'auteur, athée et matérialiste, d'aborder de manière plus ou moins autonome, mais toujours rattachée au contexte historique, des questions éthiques, sociales, politiques ou idéologiques — culminant avec celles de la guerre et du pacifisme. Grâce aux destins croisés des Thibault et des Fontanin et grâce au clivage entre les deux frères Thibault, Roger Martin du Gard, témoignant sa compréhension profonde des crises de son époque, combine « roman de sentiments » et « roman d'idées »[1].

  1. a b et c René Guarguilo, « L'œuvre romanesque », L'École des Lettres, no  sur Roger Martin du Gard du 1er mars 1999, Paris, éd. l'École/l'école des loisirs, p. 8-9.
  2. Lettre à Gide du 3 octobre, citée par M. Rieuneau dans Guerre et révolution dans le Roman français de 1919 à 1939, Paris, Klincksieck, 1974, p. 482.
  3. Angels Santa, « La littérature de tendance réaliste-naturaliste dans le Journal de RMG : l'exemple de Zola », Cahiers de la NRF Roger Martin du Gard no 5, Paris, Gallimard, 1996, p. 152.

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