Mythe d'une Wehrmacht aux mains propres

Le mythe d'une Wehrmacht aux mains propres, ou la légende de la Wehrmacht propre (en allemand : Mythos, oder Legende der sauberen Wehrmacht), est la thèse selon laquelle l'armée du Troisième Reich, la Wehrmacht, était une institution apolitique, comme la Reichswehr de la république de Weimar, à laquelle elle a succédé, et était innocente des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qu'elle a commis et qui sont niés ou relativisés. Selon cette théorie, les militaires allemands se seraient comportés de façon honorable, comme leurs adversaires des armées alliées. Cette mystification met en avant les succès militaires de la Wehrmacht et la glorification du soldat allemand pour ses valeurs de courage et de discipline.

Les prémices de la réhabilitation de la Wehrmacht apparaissent dès , en marge du procès de Nuremberg : en effet, un groupe d'anciens officiers supérieurs rédige alors, à la demande du général américain William Joseph Donovan, un mémoire intitulé L'Armée de terre allemande de 1920 à 1945. La "fable" naît dans les années 1950, de la volonté de vétérans et d'anciens officiers de la Wehrmacht de restaurer l'image de l'armée allemande alors que les Américains souhaitent la renaissance des forces armées allemandes dans le contexte de la guerre froide. En octobre 1950, un groupe d'anciens officiers supérieurs adresse au chancelier Konrad Adenauer, et sur sa demande, le « Mémorandum sur la formation d'un contingent allemand pour la défense de l'Europe de l'Ouest au sein de la structure d'une force internationale de combat », ou mémorandum Himmerod, qui défend clairement le blanchissement de la Wehrmacht. Le mythe est entretenu au cours des années suivantes par de nombreux ouvrages apologétiques, dont ceux de l'influent historien britannique Basil Henry Liddell Hart, qui prend notamment la défense d’Erich von Manstein lors du procès de celui-ci. Cette fabulation s'implante solidement dans la plupart des ouvrages historiques et dans l'opinion publique et perdure entre le début des années 1950 et la fin des années 1970.

Cette thèse d'une « Wehrmacht aux mains propres » est remise en cause par les milieux scientifiques dès la fin des années 1970. Les avancées de l'historiographie au cours des années 1980, ainsi que le grand succès de l'exposition consacrée aux crimes de la Wehrmacht, itinérante en Allemagne et en Autriche dans la seconde moitié des années 1990 et visitée par environ 900 000 personnes, achèvent de la discréditer auprès de l'opinion publique. La responsabilité de la Wehrmacht dans la guerre d'extermination menée sur le front de l'Est, pour la mise en œuvre du Kommissarbefehl, son soutien aux massacres de Juifs commis par les Einsatzgruppen et sa radicalisation sur le front de l'Ouest sont aujourd'hui établis et largement reconnus.


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