Nuit des longs couteaux

Emblème de la SA en noir et blanc
Emblème de la SA.

La Nuit des longs couteaux[a] est l'expression généralement utilisée pour faire référence aux assassinats perpétrés par les nazis en Allemagne, au sein de leur propre mouvement, entre le vendredi et le lundi , et plus spécifiquement pendant la première nuit, du au .

Depuis son accession au pouvoir, Adolf Hitler est confronté à des tensions croissantes qui opposent les milieux conservateurs et la Reichswehr à la Sturmabteilung (SA), dirigée par Ernst Röhm avec lequel il a des relations amicales. La violence et la terreur de rue exercées par la SA, essentiellement entre 1926 et 1933, ont été précieuses dans sa conquête du pouvoir et immédiatement après celle-ci, au prix de plusieurs centaines d'assassinats. Mais en 1934 elles deviennent encombrantes pour Hitler qui veut stabiliser son régime et qui a besoin de l'appui des partis conservateurs et de l'armée, notamment dans la perspective de succéder au président Paul von Hindenburg.

Officiellement destinée à contrer une tentative de coup d'État de Röhm, inventée de toutes pièces par Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et Hermann Göring, cette purge permet à Hitler de briser définitivement toute velléité d'indépendance de la SA, débarrassant ainsi le parti nazi de son aile populiste, qui souhaitait que la révolution politique fût suivie par une révolution sociale. Elle frappe aussi des milieux conservateurs, essentiellement la droite catholique.

Après plusieurs mois d'hésitation et de tergiversations, la purge débute par l'irruption de Hitler, pistolet au poing, à l'hôtel Hanselbauer à Bad Wiessee, où se trouvent Röhm et de nombreux responsables de la SA.

Les assassinats sont perpétrés dans toute l'Allemagne, particulièrement à Munich sous la responsabilité de Sepp Dietrich et à Berlin sur les ordres de Göring et Himmler. Ils font au moins deux cents victimes, dont Röhm et l'ancien chancelier Kurt von Schleicher. Commis en dehors de tout cadre légal, ces meurtres sont légitimés par une loi rétroactive du , avec l'accord de tous les membres du gouvernement, au sein duquel les nazis sont pourtant minoritaires.

Cette purge qui fait apparaître Hitler comme le garant de l'ordre et de la discipline est globalement appréciée par les dirigeants et la population allemande : elle assure à Hitler le soutien de la Reichswehr, des milieux conservateurs traditionnels (malgré quelques victimes dans leurs rangs), des grands financiers et industriels hostiles à des réformes sociales de grande ampleur. Créant un climat de terreur vis-à-vis de tous les opposants réels ou potentiels au régime, elle incite les 2,9 millions d'ex-« Chemises brunes » à rentrer dans le rang de l'ordre public du parti nazi[1]. Après le décès de Hindenburg le , cela permet à Hitler de cumuler les fonctions de chef de l'État, du gouvernement, du parti nazi et de commandant suprême des forces armées.


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  1. Chris McNab, La Stratégie nazie : les plans de Hitler, Acropole, , 224 p. (ISBN 9782735703883), p. 174.

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