Passage des Alpes par Hannibal

Hannibal traversant les Alpes à dos d'éléphant, Nicolas Poussin (1625-1626).

Le passage des Alpes par Hannibal est une étape majeure de la marche vers l’Italie de l’armée d’Hannibal Barca, réalisée à la fin de l’année 218 av. J.-C., au début de la deuxième guerre punique déclenchée contre Rome. Ce périple précis s'étala sur quinze jours, pour approximativement deux cents kilomètres parcourus.

La voie terrestre par le sud de la Gaule est la seule possible pour conduire plusieurs dizaines de milliers d'hommes d'Espagne en Italie. De surcroît, Hannibal espère trouver des alliés parmi les tribus gauloises de Gaule cisalpine, en arrivant dans un territoire mal contrôlé par les Romains. Après avoir traversé le Languedoc et passé le Rhône, Hannibal évite d'affronter l'armée de Scipion débarquée dans les bouches orientales du Rhône et conduit ses troupes à travers les Alpes en dix jours d'approche, neuf jours de montée au milieu de tribus hostiles, deux jours de regroupement au col et quatre jours de descente en se taillant un chemin dans le versant, pour parvenir enfin dans la plaine du Pô. Quoique difficile, le franchissement des Alpes par une armée n'est pas exceptionnel dans l'Antiquité. C'est la figure de son chef de guerre Hannibal et la présence des éléphants qui lui donnent un relief unique et ont contribué à sa célébrité.

L’itinéraire emprunté par Hannibal, déjà objet de thèses concurrentes dans l'Antiquité, reste toujours sujet à polémiques. Toutes les hypothèses avancées depuis l'époque de la Renaissance, souvent par des spécialistes, comme par des auteurs plus imaginatifs, sont fondées sur l’interprétation des textes de Polybe, volontairement vague, et de Tite-Live, qui tantôt s'appuie sur Polybe, tantôt en diverge, tandis que l'archéologie n'a pas apporté d'éléments probants. Près d’un millier d’ouvrages ont été déjà écrits sur le sujet. Encore actuellement, et quoique le passage par le Rhône et le col du Grand-Saint-Bernard ne soit plus envisagé, plusieurs théories s'affrontent, entre un passage par la Tarentaise et le col du Petit-Saint-Bernard, ou par les cols unissant la vallée de la Maurienne et le val de Suse (comme le col Clapier ou Savine-Coche), voire des passages méridionaux empruntant la Durance ou l'Ubaye ou le Guil. Les reconstitutions réalisées au XXe siècle avec quelques éléphants sont davantage des exploits médiatiques et sportifs que des arguments en faveur d'un itinéraire. Pour Colette Jourdain-Annequin, « l'historien doit se résoudre au doute méthodique et reconnaître qu'il ne peut offrir aucune preuve donc aucune certitude »[1].


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