La psychologie sociale est la branche de la psychologie qui étudie de façon empirique comment « les pensées, les émotions et les comportements des individus sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite d'autres personnes »[1]. Dans cette définition, proposée initialement en 1954 par Gordon Allport[2], les termes « présence imaginaire ou implicite » indiquent que l'influence sociale indirecte est possible, même en l'absence physique d'autres individus, par l’intermédiaire de normes sociales perçues ou intériorisées. La psychologie sociale procède selon la méthode scientifique et s'appuie sur des mesures quantitatives (par exemple : mesures du comportement observé en laboratoire lorsque des individus sont placés dans des situations expérimentales, mesures par questionnaires, mesures physiologiques, imagerie cérébrale), ou qualitatives (par exemple : observations de terrain dans des situations naturelles, entretiens semi-directifs, focus groups).
Les psychologues sociaux étudient les processus mentaux impliqués dans les comportements humains liés aux interactions sociales. Ces recherches concernent un grand nombre de situations et de variables (indépendantes et dépendantes) dont les liens sont souvent représentés sous forme de modèle théorique.
La psychologie sociale est parfois considérée comme un domaine interdisciplinaire situé à l'intersection de la psychologie et la sociologie. Edward Jones conclut toutefois à la catégorisation de la psychologie sociale comme une sous discipline de la psychologie en comparant le volume de production scientifique dans le domaine attribué à des psychologues à celui attribué à des sociologues[3]. En France et en Belgique, les diplômes de master et de doctorat en psychologie sociale sont délivrés dans le cadre d'un cursus en psychologie. Néanmoins, les contributions à la psychologie sociale des chercheurs en sociologie sont importantes et ont parfois conduit à distinguer la psychologie sociale « sociologique » de la psychologie sociale « psychologique »[4]. L'approche sociologique met davantage l'accent sur les variables macroscopiques (telles que la structure sociale) alors que l'approche psychologique se focalise plutôt sur les variables individuelles (telles que les dispositions internes). Les deux approches sont complémentaires et s'enrichissent mutuellement[5]. D'autres proximités disciplinaires existent, notamment avec l'économie comportementale[6] dans le domaine de la prise de décision ou encore avec les sciences cognitives dans le domaine de la cognition sociale[7].
La psychologie sociale s'est historiquement développée avec des orientations différentes aux États-Unis et en Europe[5]. De façon générale, les chercheurs américains se sont davantage penchés sur les phénomènes ayant trait à l'individu, alors que les Européens ont accordé plus d'attention aux phénomènes de groupe (tels que la dynamique de groupe ou la psychologie des foules)[8]. La production scientifique en psychologie sociale est très majoritairement américaine, notamment en raison d'un développement plus précoce dans ce pays[9]. La plupart des revues scientifiques de référence et des théories ayant eu une influence majeure dans le domaine sont américaines[9].
Elle se trouve à la base d'un grand nombre d'applications (psychologie sociale appliquée, psychosociologie), de techniques et de pratiques professionnelles[10] : gestion de groupes et d'équipes, sondages, groupes de formation et de créativité, brainstorming, publicité.