Le concept de tapu (ou tabu) existe dans plusieurs sociétés polynésiennes - par exemple aux Tonga, aux Samoa et chez les Maori de Nouvelle-Zélande. Il fait référence à un interdit lié au sacré. En hawaïen, qui est également une langue polynésienne, on trouve le terme proche kapu.
Dans les traditions maori et tongiennes, quelque chose qui est tapu (maori) ou tabu (tongien) est inviolable du fait de son caractère sacré. Il peut même être interdit de le mentionner. Un lieu tapu ne doit pas être approché. Une personne tapu, généralement un chef de haut rang, ne doit pas être touchée; ce qu'elle touche devient également tapu. Les tombes des ancêtres sont tapu.
Chez les Maori, un rāhui est une forme de tapu prononcé par un tohunga et qui jette un interdit, généralement temporaire, sur l'exploitation d'un certain type de ressources naturelles. Il peut s'agir, par exemple, d'interdire l'utilisation du bois d'arbres rares pour des raisons autres que très spécifiques, ou d'interdire la pêche dans un lac, soit pour laisser aux poissons le temps de se reproduire, soit parce qu'une personne s'y est noyée, rendant ainsi l'endroit tapu. Cette forme de tapu sur les ressources se retrouve également dans d'autres sociétés polynésiennes.
Violer un tapu entraîne, d'après les croyances religieuses polynésiennes, un châtiment de l'ordre du surnaturel. Une personne ayant pêché dans un lac tapu tomberait malade ou mourrait, pensait-on, sans avoir à être punie par les hommes. Toutefois, l'explorateur français Nicolas Thomas Marion-Dufresne fut peut-être tué par des Maori en 1772 pour avoir abattu des arbres tapu[1].
Le mot français « tabou » vient de l'anglais taboo, qui vient du tongien tabu. Il fut adopté par le capitaine britannique James Cook lors de son séjour aux Tonga en 1777. Le sens de ce terme en français se distingue nettement de son sens d'origine en tongien.