Weather Underground

Weather Underground
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Idéologie
Couverture du premier numéro d’Osawatomie, journal clandestin publié par le Weather Underground à partir de mars 1975.

The Weatherman, plus souvent appelé Weathermen, et devenu après son passage à la clandestinité The Weather Underground puis The Weather Underground Organization, était un collectif américain de la gauche radicale, se présentant comme anti-impérialiste et antiraciste, fondé en 1969 à Chicago à partir des décombres du Students for a Democratic Society (SDS) qui avait lancé la campagne contre la guerre du Viêt Nam. Proche de la New Left, ses membres défendaient des positions tiers-mondistes, refusant tout autant l'alignement sur le bloc de l'Est que l'anticommunisme traditionnel de la gauche libérale américaine.

Classé par le Federal Bureau of Investigation comme organisation terroriste[1] et défini plus particulièrement par certains auteurs comme ayant pratiqué la « guérilla urbaine »[2], le Weather Underground pratiquait essentiellement la « propagande par le fait » (il utilisait le terme de « propagande armée » par contraste avec la « lutte armée » [3]). En effet, il fut responsable d'une vingtaine d'attentats à la bombe, qui n'ont cependant fait aucune victime[4] : les Weathermen visaient exclusivement des bâtiments officiels, plus ou moins liés à la guerre du Vietnam, s'assurant que les locaux étaient vides, et ce afin d'attirer l'attention de l'opinion publique sur les liens entre, par exemple, certains centres de recherche universitaire et le complexe militaro-industriel américain, et afin d'alléger le poids de la répression étatique (programme COINTELPRO, etc.) sur d'autres mouvements comme les Black Panthers ou l'American Indian Movement, dont ils revendiquaient la légitimité de la lutte[5]. Son but, selon les témoignages de ses membres, n'était pas de prendre le pouvoir, objectif qu'il considérait irréalisable, mais de susciter une « culture de la résistance » [6]et de montrer par l'action directe la solidarité des Américains blancs avec les luttes des mouvements de libération nationale à l'extérieur et avec les luttes du mouvements des droits civiques et du Black Power à l'intérieur[5].

Son nom provient des paroles de la chanson Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan: « You don't need a weatherman to know which way the wind blows » (« Pas besoin d'un présentateur météo pour savoir dans quelle direction le vent souffle »), ce qui signifiait pour ses membres « tout le monde voit que la révolution est imminente » (« anyone could see, world revolution was imminent », citation extraite du documentaire The Weather Underground).

Au total, une trentaine de personnes seraient entrées en clandestinité fin 1969-début 1970, s'appuyant sur un réseau de plusieurs centaines, voire de milliers, de sympathisants, lequel fut structuré entre 1974 et 1975 dans le Prairie Fire Organizing Committee, organisation de masse légale et autonome à l'égard du Weather Underground. Celui-ci amorça une réorientation politique, adoptant une ligne plus proche du marxisme-léninisme orthodoxe qu'il avait pourtant fortement critiqué à sa création, et délaissant quelque peu la « lutte armée » au profit d'autres modes d'action, avec en particulier la diffusion d'un ouvrage en juillet 1974 puis d'un journal clandestinement publié et diffusé, Osawatomie, de 1975 à 1976.

La ré-orientation politique du mouvement suscita de fortes dissensions internes, menant à sa dislocation fin 1976 - début 1977. Une partie des membres ou de proches du Weather Underground créa alors la May 19th Communist Organization; d'autres l'éphémère Revolutionary Committee of the Weather Underground Organization (RC), infiltré dès le début par le FBI ; d'autres enfin, dont les dirigeants Bill Ayers et Bernardine Dohrn, se rendirent progressivement à la police. L'illégalité des procédures d'enquête du FBI à leur encontre mena à l'abandon de la plupart des charges retenues contre eux. Cependant, ceux qui participèrent à la May 19th furent lourdement condamnés ; l'un d'entre eux, David Gilbert (en), n'a été libéré qu'en novembre 2021[7].

  1. BYTE OUT OF HISTORY 1975 Terrorism Flashback: State Department Bombing, Federal Bureau of Investigation
  2. Chaliand, Gérard, Les Guerres irrégulières, Folio, Paris, 2008, 980 p., p. 805, (ISBN 978-2-07-034806-0)
  3. Berger 2010, chap. VI (cf. par ex. p. 214 et 227-228 qui cite le communiqué New Morning, Changing Weather de Bernardine Dohrn, dans lequel on lit notamment que « l'explosion [de Greenwich village, ayant tué par accident trois membres du groupe] avait détruit à jamais [notre] certitude que la lutte armée est la seule qui soit véritablement révolutionnaire ») (version originale : Outlaws of America: The Weather Underground and the Politics of Solidarity, Oakland: AK Press, 2006)
  4. Jean-Marc Flükiger, « Comprendre la violence politique dans les années 1960 : un film documentaire sur le Weather Underground », sur Terrorisme.net, .
  5. a et b Berger 2010, chap. VI.
  6. Berger 2010, p. 232.
  7. (en) « Savoring time together », sur Kersplebedeb, (consulté le )

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